Wednesday, April 05, 2006

Le CPE et l'état de la Nation française

A celles et ceux qui pensent que le CPE mène à une plus grande précarité


Je ne suis plus étudiant, j'ai un travail stable et, de surcroît, je vis à l'étranger...trois raisons de me taire selon certains! Pour moi, c'est justement parce que je suis expatrié que je peux porter un regard beaucoup plus critique sur la société française. C'est parce que j'ai voté aux dernières législatives et présidentielles (contrairement à tous ces petits jeunes qui pensent accéder à la citoyenneté en défilant dans la rue) que je donne mon avis sur le CPE. C'est parce que j'ai une année de probation, moi aussi, que je me permets de dire que le CPE n'est pas la mer à boire et encore moins la porte ouverte à toutes les précarités....
Pour un Français, le mois de mars, c'est le printemps, les giboulées et l'opportunité de rompre le train-train quotidien en allant dans la rue pour se plaindre de tout et de rien...en attendant le mois de mai et ses jours fériés...Ah quelle belle saison que celle du fumigène et des pancartes, celle des mégaphones et des charges de la police...Ca change de voir que dans un pays soi-disant civilisé aussi, l'anarchie peut régner...pas seulement en Irak et en Afghanistan, Les empêcheurs de tourner en rond sortent de leur hibernation: je me suis toujours demandé si il y avait pour eux moins de raisons de se plaindre en hiver ou bien s'ils considéraient que le froid était incompatible avec la fonction de manifestant. Toute cette agitation pour un contrat première embauche, voté à la majorité par des représentants élus du peuple et attaqué essentiellement par des personnes n'ayant pour la plupart pas encore acquis le droit de vote. C'est tout de même paradoxal de voir qu'une partie de la rue s'arroge le droit de remettre en cause les décisions des députés qui, par la nature de leur fonction , sont sensés nous représenter et prendre des décisions en conformité avec nos aspirations. Nos dirigeants et les membres de la classe politique semblent oublier bien vite, à l'approche d'échéances électorales, que la rue ne gouverne pas. J'attends de tous ces énarques qu'ils fassent appliquer les lois et rappellent le droit à ceux qui croient ne pas y être soumis. Ceux qui ne soutiennent pas les réformes auront en 2007 tout loisir de se faire entendre. Quant à ceux qui critiquent Jacques Chirac tous les jours, qu'ils s'en prennent aux électeurs de tous bords qui ont cru intelligent de choisir Jean-Marie Le Pen en 2002 (rappelez-moi de nouveau la définition du vote utile...).

Pour en venir au CPE en question, sujet de toutes les peurs et de tous les commentaires, je ne vois vraiment pas où se cache le loup. Non seulement, ce CPE, si j'ai bien compris, se substituera aux divers contrats de stage et d'interim, simplifiant les formalités administratives et offrant une meilleure visibilité au demandeur d'emploi. Mais, de plus, il ne remplace pas le CDI mais vient tout au contraire compléter l'offre pour les employeurs et les salariés. Là vient se loger le concept si dantesque de "précarité"....J'ai peur....Je peux tout à fait comprendre que le CPE plonge dans l'angoisse toutes celles et tous ceux dont les études universitaires n'offrent que peu de perspectives d'avenir...mais il fallait y penser avant de se lancer dans des études de psycho ou d'archéologie! A ces personnes-là, le CDI aussi doit faire peur...En fait, je ne vois pas les chômeurs manifester dans la rue...ceux qui veulent travailler et se construire une personnalité ont apparemment compris que toutes les guerres ne valent pas la peine d'être combattues. Ceux-là cherchent un emploi, pour vivre et survivre, pour trouver leur place dans la société. Plus de 2 millions de personnes sont dans ce cas aujourd'hui en France. Alors qu'on les laisse utiliser tous les moyens possibles et imaginables pour réussir. Et que ceux qui n'ont rien d'autre à faire en ce moment que d'aller manifester, qu'ils sachent bien une chose: CPE ou pas CPE, la vie d'aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, est centrée sur la notion de travail. Cela a été le cas pour nos grands-parents, pour nos parents et cela le sera aussi pour nos enfants. Pourquoi? parce que tout travail rapporte salaire, parce que le travail nous montre à quoi nous servons, parce que je connais peu de gens qui aiment se sentir inutiles, parce que le travail est le seul ascenseur social...

Au travail que diable et que la France cesse de se croire dans un village gaulois entouré de légions romaines!

Jérôme Remy, La Haye, 29 mars 2006